Cette fois, voici le compte-rendu de mon stage de naginata du week-end à Bruxelles... presque en direct :
+ de 7 heures de train de Grenoble à Lyon, puis de Lyon à Lille (arrivée prévue à Bruxelles 5h43 après le départ, cherchez l'erreur)
+ 1h40 de bus entre Lille et Bruxelles parce que la SNCF n'avait "plus de personnel opérationnel" pour acheminer son TGV à bon port passé minuit (c'est un peu comme le carosse de Cendrillon), pour une arrivée à destination avec trois heures de retard. "SNCF, c'est possible", comme le disaient les Guignols de l'info. En tout cas ça valait le coup de payer un billet pour un train à grande vitesse pour terminer à moins de 90 km/h sur l'autoroute ! (Sans parler du tourisme underground qui suit ;-) parce que je me trouve, en descendant du bus à 1h du matin :
+ 1h enfermé derrière les rideaux de fer de la station de métro de la gare du Midi -ça doit être un coup de chance- : j'ai eu le temps d'acheter un ticket, de le composter, de descendre sur le quai attendre le métro, pour entendre quelque chose comme "Veuillez sortir du métro, les portes vont fermer" dans les hauts parleurs. J'obtempère, à toute vitesse, mais quand je parviens à la première sortie, je me retrouve devant un rideau de fer baissé. Je fonce vers la porte que j'ai empruntée pour entrer : même type de rideau que je secoue en appelant... Personne, juste quelqu'un qui cuve enroulé dans sa couverture au pied de l'escalier roulant. Je fais le tour de la gare et je finis par trouver un interphone sur lequel on peut lire "à utiliser entre 6h30 et 22h". Ah et on fait comment entre 1h du matin et 6h ? On lui met un grand men ? Comme il n'y a ni siège ni lit de camp, j'appuie sur le bouton, et l'homme qui me répond me dit d'attendre que l'on vienne me chercher. 15 minutes d'attente et toujours pas de canapé en vue sous la terre, je rappuie sur le bouton de l'interphone et le même monsieur me dit qu'une dizaine de personnes sont dans ma situation (je me garde bien de répondre que je me demande où elles peuvent être cachées, dans la mesure où je n'ai pas exploré tous les recoins de la station de métro, mais cela reste désert et super chaleureux), il me demande de rester bien en vue où je suis, que l'on vient me chercher. Après 20 minutes d'attente supplémentaires, je rappuie sur le bouton pour me rappeler poliment à son souvenir et lui dire que je commence à trouver le temps long, et ce n'est que 20 minutes plus tard que l'un des rideaux de fer se relève sur trois paires de bottes et deux grosses pattes. Je dis aux 3 vigiles que je n'ai jamais été aussi content de voir un molosse
comme le leur, ils me demandent depuis combien de temps je les attends (une heure) et me montrent l'interphone en me disant que l'on peut appeler (je leur explique que je l'ai fait à trois reprises) ; ils n'ont visiblement pas eu l'information, la voix à l'autre bout devait être occupée à autre chose. Ils m'indiquent la station de taxi et le voyage se termine de manière plus confortable.
J'arrive à destination où je retrouve mes camarades endormis après un voyage avec armures et housses de naginata bien remplies. Il est vrai qu'on ne passe pas inaperçu avec une naginata de 2m20 dans le train, le tram, le métro, le bus ou la rue, qu'il faut penser à entreposer à un endroit où elle se fera oublier des autre voyageurs.
La suite du
séminaire de l'ENF (
European Naginata Federation) est bien plus sympa.
Super journée le
samedi, avec des allemands, des polonais, des suédois, des anglais, des finlandais, des portugais, des italiens, tchèques, néerlandais, belges, pas mal de belges et de français, et quelques japonaises (on prend les mêmes le dimanche et on recommence).
Tout se déroule en anglais.
Le samedi matin, nous commençons un échauffement en rythme avec une bonne circulation du ki, aux petits soins et dans le sourire de Marc Appelmans.
C'est ensuite David D'Hose qui démarre le kihon en dirigeant les gorei (commandements), qui comprennent les furi waza (les coupes, comme hapoburi (version naginata des suburis)), les taisabaki (les déplacements) et les uchi (les coupes comme furiage men, soku men, soku sune...), en groupe, face au sensei qui donne les commandements et fait les ouvertures.
Un groupe de niveau 2ème dan et plus travaille avec Ohono Kyoko Sensei, Kyoshi, directrice d'AJNF (la fédération japonaise), qui était l'entraineuse de l'équipe du Japon aux 5èmes championnats du monde...
sur le Shinpan, l'arbitrage en préparation des prochains championnats d'Europe.
Pour tous les autres, la matinée est consacrée aux règles, attitudes, étiquette... autour de la compétition.
Nous travaillons notamment les déplacements et coupes en chudan avec un partenaire, l'un des deux ayant les yeux fermés, l'objectif est de connaître sa place dans l'espace du shiaijo.
La première journée se poursuit par des exercices de tenouchi : mouvement des mains sur la hampe, point d'équilibre et gravité, main de force et travail sur le centre.
Nous enchainons avec les techniques de shiai, kote, sune, men fumikomi avec harai... que nous mettons en application au cours de petits shiai.
La soirée est l'occasion d'une promenade dans le centre de Bruxelles et d'un repas avec la sensei de naginata et une sensei d'ikebana.
La matinée du
dimanche débute par une séance de course à pied dans le dojo, et quelques échauffements classiques.
Les gorei sont dirigés par Ohono Kyoko Sensei. Et là, c'est du pur bonheur ! J'avais oublié mon séjour dans le métro en arrivant à destination, mais si j'en avais gardé un quelconque souvenir, cela aurait suffit à l'effacer.
Notre groupe se concentre ensuite sur l'étude des Shikake Oji 1 et 4, et sur la manière d'entrer sur l'aire d'Engi (la compétition des "kata" de naginata, pour faire simple : en réalité, les vrais kata ne sont étudiés qu'après le 2e dan).
Nous travaillons également le 5ème Shikake Oji et faisons un exercice très intéressant d'enchaînement de gardes.
Le repas se termine pour certains par un examen écrit pour les passages de kyu et dan ; par un fruit pour les autres.
Maxime Marconato (Valence) et moi passons 2 tours pendant la mini compétition Engi mais je relâche un peu mon attention et souris... (trop de choses dans la cervelle), Cyril (Marseille) et son partenaire néerlandais (vainqueur du shiai un peu plus tard) terminent en demi finale, devancés par l'équipe de Sandrine (originaire de Crolles et membre de l'équipe de France).
Après quelques Uchi kaeshi d'échauffement (kirikaeshi du kendo), le shiaijo commence.
Je prends un sune (coupe au tibia) contre un bûcheron du nord qui m'envoie frappe sur frappe, je lui en marque un, mais il finit par me toucher au bon endroit et marque le dernier point. Il terminera en finale, juste devant un français et derrière un néerlandais.
La soirée est l'occasion de passages de grades à la japonaise et nous nous retrouvons pour la sayonara party dans un restaurant d'Ixelles, tout près du dojo de l'université.
Le retour est bien plus paisible, mais je ne traîne pas trop dans les sous-sols du métro (nettement plus accueillants en journée). Je croise une dame sur le quai de la gare, à Paris qui me demande si je fais du kyudo. L'occasion pour elle d'entendre parler de naginata.
Un stage très riche, plein de bons souvenirs, d'exercices à travailler, retravailler... et retour au dojo pour un bon entrainement de kendo hier soir !-)
Le stage s'est terminé par une compétition Engi et Shiai le lundi, notamment avec des kata imaginaires (Creative Kata)... mais j'étais déjà reparti.